dimanche 4 décembre 2011

Bandits de grands chemins

Il est 18h, on est vendredi, vous trépignez intérieurement. C'est bientôt le week-end. C'est même déjà le week-end dans votre tête. Vous regardez arriver les derniers mails. Vous jugez de leur urgence. Généralement vous décidez, à l'unanimité avec vous-même, qu'ils peuvent attendre lundi. Pire, vous faites comme si vous ne les aviez pas vus. Ce qui ne se voit pas, n'existe pas, n'est ce pas? 

18h15, c'est l'heure. Vous attrapez it-bag, it-manteau, écharpe et Samsonite. Vous parcourez les escaliers à la vitesse de l'éclair, perchée sur vos escarpins, la Samsonite volette à l'arrière. Le collant menace de craquer? Rien à faire! Parce que c'est le WEEK END!

Vous êtes prise d'un doute. Vous fouillez énergiquement dans votre sac. Ouf, ils sont là, vos billets de train. C'est la course mais vous arrivez à l'heure à la gare. Vous jubilez, vous avez 15 minutes d'avance, vous allez pouvoir vous ruer vers le dernier Vogue. 

Vous fendez la foule, encore et encore et ...STOP! Pourquoi est-ce-qu'il y a tant de monde ce soir? D'habitude il n'y a jamais autant de monde. Jamais, sauf quand ... non, pas possible. Non, c'est certain, vous n'avez rien entendu aux infos. Non, pas encore...
Vous osez à peine lever le visage vers la panneau d'affichage. Et là, la vérité s'étale en lettres oranges sur le grand panneau noir: " annulé". Et puis l'annonce fatale retentit "tin tin tin tin En raison d'un mouvement social..."
ARGHHHHHH, NOOOOON, PAS LE VENDREDI SOIR. PAS ENCOOOOOORE! Et bien si, c'est  grève.


Alors loin de vous l'idée de remettre en question le droit inaliénable à la grève. C'est un acquis social (bla bla bla) qui nous a permis par le passé et grâce à nos prédécesseurs d'obtenir nombres d'avancées sociales. Mais vous êtes aussi pour l'usage raisonné de ce droit. Après tout, la clef dans la vie, c'est la parcimonie. Etant enfant vous auriez aimé abuser des cookies de mamie. Mais votre mère, consciente de la torture sociétale qu'est le surpoids de nos jours, vous a rapidement inculqué que la clef c'est de toujours faire ce qu'on a envie mais avec parcimonie. Et bien, Messieurs les Cheminots, il semblerait que votre maman n'ait pas été très claire avec cette histoire de cookies. 

Surtout que quand on y pense, c'est pas hyper efficace votre méthode prise d'otages. Non parce que, réfléchissons-y deux secondes. Quand le personnel SNCF fait grève, certes, il interpelle l'opinion, voire il emmerde l'opinion. Mais l'opinion, elle n'y peut rien, elle. Ce sont nos dirigeants qui prennent les décisions. Et les dirigeants, ils rigolent bien dans leur voiture avec chauffeur en songeant au pauvre quidam qui pourrit depuis 3h dans un vieux TER qui ne part pas et qui en plus ne connait pas le concept de chauffage central. 
Pire, la grève, ça fait un peu l'affaire des décisionnaires. Parce que non seulement, le plus souvent ça ne change rien au schmilblick, mais en plus TOUT LE MONDE déteste les cheminots. 

Alors les gars, j'ai un peu fait travailler mes 3 neurones, qui fonctionnent pas si mal quand ils veulent bien connecter (vous y avez déjà pensé?). Au lieu de vous en prendre constamment au pauvre travailleur qui ne demande rien de mieux que d'aller travailler pour nourrir sa famille ou la rejoindre (ne nous voilons pas la face, les plus nantis ne prennent pas le train, c'est plein de microbes), je vous propose d'aller bloquer l'assemblée nationale, de prendre en otage Monsieur Pépy dans son bureau bien au chaud ou encore d'inviter les gens à voyager sans billets. Vous allez voir, ça marchera du tonnerre. Et puis pour une fois, ça nous fera rire. Chacun son tour.   


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire